Jean-Paul Noguès

Photographe sélectionné aux Nuits Photographiques de Pierrevert 2024

Diplômé en Sciences de la Terre et en Cinéma, Jean Paul Noguès débute son travail atypique de l’image dans les années 2000 par la réalisation de films expérimentaux et d’installations vidéo. Ses œuvres ont été présentées lors de projections collectives dans des festivals ou des musées tels que le Frac PACA, le Centre Pompidou ou à la Cinémathèque Française.

Il entame depuis 2018 une reconstruction personnelle et artistique par la photographie à la recherche de « l’instant contemplatif » : ces quelques secondes de temps suspendu où les corps et les éléments se figent et où les émotions se cristallisent. Attentif aux moments de vie, publics ou intimes, il pratique le « trouvé-créé » décrit par Alain Bergala, avec un refus du spectaculaire comme sujet ou valeur photographique. Son univers est traversé par les thèmes de la condition humaine, la nature, l’intimité et l’abstraction.

Ses photos ont été exposées à Off Arles, Rotterdam, Kyiv, San Sebastian, Phot’Aix, Besançon, diffusées sur L’œil de la Photographie, publiées dans les revues Persona, Photo, et dans des ouvrages collectifs. Son premier livre photo, est paru en 2023 aux éditions Photo#graphie. Une introspection visuelle et familiale, intitulée Achromaties d’un printemps.

Site Internet : www.jeanpaulnogues.com

Instragram : @jeanpaulnogues

Facebook : jeanpaulnogues

Série présentée : Khoya

Le 23 novembre 2021, Isidore, mon père, décède à l’âge de 82 ans. Quelques mois plus tard, ma mère découvre une vieille enveloppe qu’elle me remet. Elle contient près de 170 photos prises par mon père lorsqu’il fut appelé du contingent en Algérie, en 1961 et 1962.

Participer à cette guerre aura été une terrible épreuve pour ce jeune immigré espagnol de 22 ans. Meurtri par l’exécution de son grand-père par les franquistes, voilà qu’il se retrouve maintenant malgré lui dans le rôle de l’oppresseur. Je découvre aussi avec ses photos, un tract contre la guerre d’Algérie qui circulait secrètement parmi les soldats. Ses convictions antimilitaristes se sont alors certainement affirmées durant ces quatorze mois.

Au travers des photos de mon père, je ressens comme une tentative de prendre contact, une volonté d’exprimer son empathie et d’apporter son soutien aux Algériens. En espérant qu’un jour, peut-être, ils le considèrent un peu comme un frère, un khoya.

Pour la première fois dans mon travail photographique, je m’essaye à la photographie vernaculaire. C’est en effectuant les agrandissements de ces tirages que j’ai découvert la splendeur des paysages arides et la profondeur des regards. En élaborant cette série, je me suis progressivement réapproprié ce corpus, retrouvant mes sensations de photographe.

Quelques images de la série « Khoya »

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