Denis Brihat,
artiste invité des Nuits Photographiques de Pierrevert 2017

Pour leur 9ème édition, les Nuits Photographiques de Pierrevert ont une nouvelle fois visé haut, l’artiste invité n’étant autre que l’un des représentants majeurs de la photographie contemporaine, le plus grand portraitiste de végétaux, Denis Brihat.

Après Hans Silvester reporter photographe – militant et Peter Knapp, photographe de mode – graphiste-plasticien, c’est au tour du photographe-poète d’occuper l’espace mis à sa disposition par la Fondation Carzou du 24 juin au 24 septembre 2017 dans le cadre du festival dont elle est partenaire depuis maintenant 3 ans.

Photographe établi depuis plus de 50 ans en Provence, ancien professeur et ami de longue date d’Alain Gualina, l’un des piliers du festival, il était plus que légitime d’inviter ce chantre de la vie immobile qui a le pouvoir d’émerveiller les regards les plus blasés grâce à des oignons, des aubergines ou des brins de chiendent.

Lorsqu’il s’installe à Bonnieux dans le Vaucluse après avoir pratiqué différents aspects du métier de photographe (illustration, architecture, portraits, reportages) et reçu le Prix Niepce en 1957 pour son travail fait en Inde, il choisit le plateau des Claparèdes pour se retrouver en pleine nature et se concentrer sur cette « autre photographie », une photographie plus contemplative ; le sujet en sera la nature : révéler sa richesse, sa complexité sous la forme de « tableaux photographiques » et dont le principal objectif sera de procurer plaisir et émotion au public. Il serait réducteur et même inexact de qualifier Denis Brihat de photographe de « natures mortes » tant ses images sont un hymne à la vie. Tout au plus pourrait-on utiliser à son égard le terme anglais de « still-life » qui peut se traduire par « vie silencieuse ou vie immobile ». En effet, c’est tout un monde qu’il met en lumière (au sens propre comme au sens figuré) ; un autre monde, certes, mais un monde bien vivant, merveilleux, qui rejette le superflu et trouve sa quintessence dans l’originalité, la richesse et l’harmonie de la Nature.

Sa renommée internationale n’a pas empêché Denis Brihat de préférer son jardin aux salons parisiens et ceci explique sans doute une médiatisation qui n’est pas à la hauteur de son œuvre. Cette exposition, qui présentera au public une sélection de ses photographies les plus représentatives de sa carrière, permettra donc de combler cette lacune et de rendre hommage à un grand monsieur.

C’est un honneur, pour les Nuits Photographiques de Pierrevert et la Fondation Carzou, de recevoir, grâce au concours du service de développement culturel de Durance, Luberon, Verdon, Agglomération, un immense photographe dont le talent n’a d’égal que sa simplicité et sa générosité.

Biographie de Denis Brihat

Né à Paris en 1928, Denis Brihat a d’abord pratiqué la photographie de reportage et
d’illustration.
En 1957, son travail réalisé en Inde (1956) lui vaut le prix Niepce.
En 1958, il s’installe définitivement en Provence.
Il se consacre dès lors à une photographie – destinée au mur – et dont le principal sujet
sera la nature. Depuis le début des années soixante il n’a cessé d’exposer.
En 1987, il reçoit le Grand Prix de la ville de Paris pour l’ensemble de son œuvre.
Dès les années 1968 il s’est intéressé à l’enseignement de la photographie. Il a, durant de
longues années, formé de futurs professionnels dans son atelier de Bonnieux mais aussi
lors de divers stages en France comme à l’étranger. Il a ainsi créé en 1970 le cours de
photographie à la School of the Arts à Lacoste (84480).
En 1998 il arrête toute forme d’enseignement pour se consacrer à son œuvre.

Hans Silvester, Denis Brihat et Peter Knapp pendant le festival en 2015 – © Stéphane Kossmann

L’exposition à la Fondation Carzou

L’exposition présentée par les Nuits Photographiques de Pierrevert et la Fondation Carzou, grâce au concours du service de développement culturel de Durance, Luberon, Verdon, Agglomération, retrace la carrière du photographe au travers d’une soixantaine d’oeuvres qui ont marqué son parcours.

Une sélection de photographies de l’Inde : le voyage qu’effectua le photographe en 1955 fut déterminant dans sa vie ; il l’a enrichi philosophiquement et continue encore de l’habiter : portraits, scènes de vie. Une Inde intemporelle. Puis, installé à Bonnieux, feuilles, folle avoine, brins d’herbe seront ses sujets de prédilection, qui deviennent sous l’objectif de Denis Brihat des « fragments d’infini », un mélange de mystère et de sacré. Ces détails, parfois abstraits, comme une plaque de rocher incrustée de lichens, une rosée sur une toile d’araignée ou une vitre écrasée, donnent à l’aléa une place de choix et justifie pleinement les lignes de Michel Tournier parlant de son ami : « Regarder longtemps : c’est tout le secret de Denis Brihat ».

Nous retrouverons les fameux oignons, tulipes, coquelicots, et autres fruits et légumes qui mettent si bien en valeur sa technique des virages métalliques mais aussi lichens, herbes, arbres dont les compositions épurées, graphiques et « zen » témoignent de son attirance pour la pensée orientale et donnent à voir un autre procédé technique utilisé, celui de la gravure photographique. Pour compléter ces œuvres, véritable ode à la nature, des portfolios célèbres de l’auteur, Le Citron, le Nez dans l’herbe, La Danse du temps et des vents seront exposés dans des vitrines.