Olivier Donnars
Photographe sélectionné aux Nuits Photographiques de Pierrevert 2025
Photojournaliste depuis 10 ans, j’ai entrepris il y a 5 ans un travail photographique plus documentaire et à long terme en Irlande du Nord après être allé à Derry-Londonderry lors de l’entrée du Brexit en 2019 et pour les 50 ans du Bloody Sunday le 30 janvier 2022. J’y ai rencontré divers protagonistes des 2 communautés (des membres des familles du Bloody Sunday et des jeunes dans divers Youth Club, des associations de quartier). A Derry-Londonderry, la frontière est surtout ancrée dans la tête de sa population. Les jeunes grandissent sans connaitre l’autre communauté. La plupart de ces jeunes appelés « peace babies » qui n’ont pas connu les troubles avouent n’avoir côtoyé des jeunes de l’autre confession qu’arrivés à l’université.
Pourtant tous partagent souvent les mêmes problèmes sociaux, dans des quartiers où la violence, la méfiance, le chômage, le suicide et la drogue sont omniprésents. Au travers de ce travail documentaire photographique, je souhaitais ne plus à vouloir distinguer l’appartenance à l’une ou l’autre des communautés, mais simplement mais y voir la diversité de la réalité sociale, économique et culturelle de cette ville nord-irlandaise qui se prépare à un nouvel avenir depuis les récentes élections laissant espérer pour certains à une éventuelle réunification de l’Irlande.
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Série : « Au-delà des murs »
Derry (Londonderry pour les protestants) est une ville divisée d’Irlande du Nord. Malgré les années et les accords de paix, les cicatrices du passé -dont le Bloody Sunday du 30 janvier 1972- demeurent entre les deux principales communautés, nationalistes catholiques opposés aux unionistes protestants. Les divisions refusent de s’effacer, ancrées dans le territoire. Dans le quartier The Fountain, un “mur de la paix” –plutôt une barrière haute de 5 mètres– isole cette enclave protestante du reste du centre-ville, catholique ou mixte. De part et d’autre, les mêmes maisonnettes, les mêmes intérieurs.
Que sépare cette barrière à l’heure où l’on cherche à construire une paix durable ? Dans cette série, je suis allé des deux côtés, à la rencontre des habitants qui vivent près du mur. Dans une dizaine de maisons, de chaque côté, ces habitants ont été photographiés dans leur intérieur, au plus proche de la fenêtre qui donne à voir cette frontière. Pour les confronter dans un face à face et montrer à la fois ce qui distingue et ce qui rapproche ces vies.
Au fil des images et des séries, en voguant d’un espace à l’autre, les frontières s’abaissent et cessent d’enfermer et de conforter les humains dans leur haine et leur ressentiment.