Marjorie GOSSET
Photographe sélectionnée aux Nuits Photographiques de Pierrevert 2025
Née en 1983, Marjorie Gosset vit à Nantes et travaille dans différentes régions de France. Son parcours académique, ainsi que sa maîtrise du design graphique, influence profondément sa relation aux images, à la couleur et à la géométrie. C’est en 2019 qu’elle entreprend ses premières explorations photographiques. La série Centaure (2019) détermine sa forme d’écriture. Suit la série Inô (2020), qui marque un tournant dans son parcours artistique. À partir de 2020, elle entame le projet Transbordeuses, une immersion au cœur de l’histoire des femmes qui ont participé au premier mouvement de grève féminine en France. Son travail est remarqué en 2021 lors de l’exposition « D’îles en mer », sélectionnés par la Quinzaine Photographique de Nantes, puis à Arles, dans le cadre du festival « Été Indien(s) » à la Galerie Volver. En 2023, elle a animé pour le Réseau Diagonal un atelier de photographie avec des adolescents dans le cadre de son exposition Transbordeuses à l’Espace Photographique Arthur Batut. Tout au long de l’année 2024, enfin, elle est en résidence dans le cadre du Photo Festival Baie de Saint-Brieuc, dont le thème est l’égalité femmes-hommes. Dans ses travaux, Marjorie Gosset s’attache à une exploration à la fois humaine et mystérieuse où la nature tient également une place de choix. Avec des projets tels que Parlez-moi d’amour, elle prend le temps d’échanger avec les aînés sur le thème de la relation et des liens amoureux, explorant ainsi l’intimité de l’émotion humaine, parallèlement, elle se lance dans des projets plus énigmatiques et abstraits, comme Pyrène (2022-23), au travers desquels elle cherche à saisir les mystères des montagnes pyrénéennes.
https://www.marjoriegosset-photographe.com/
Série : « Transbordeuses »
En 1906, à Cerbère, une petite ville à la frontière franco-espagnole, un groupe de travailleuses, appelées les transbordeuses, s’allonge sur les rails en signe de protestation. Elles transportent des marchandises entre l’Espagne et la France et réclament une augmentation de 25 centimes. Prêtes à risquer leur vie, elles tentent d’obtenir gain de cause.
C’est la première grève de femmes en France. En 2020, Marjorie Gosset rencontre des femmes qui lui parlent pour la première fois de cette mémoire oubliée. Plus d’un siècle plus tard, elle décide de revisiter cette page d’Histoire pour révéler la force palpable que ces héritières dégagent. Jacqueline 72 ans, fille de transbordeuse, évoque sa vie, ses peines et ses joies, puis présente ses amies. Marjorie, photographique Jeannette, 89 ans, ancienne institutrice du village, qui raconte : « Bien sûr que ma grand-mère a fait grève, nous sommes d’un tempérament révolutionnaire. Quand le cheminot a vu toutes ces femmes allongées, il paraît qu’il a freiné, ça a fait un boucan terrible, et la machine s’est arrêtée…Et elles n’ont pas bougé ! ».
Raymonde, 89 ans, se souvient de l’exploitation : « Ecoute, il fallait remuer une tonne d’oranges pour avoir 1,20 franc. Et personne ne me fera taire ! Parce que moi je l’ai vécu ! »
A travers ce projet de réappropriation photographique, Marjorie Gosset souhaite faire acte de transmission, en mêlant son univers photographique à leurs récits. C’est sa manière de faire renaître l’esprit émancipateur de ces mères et ces grands-mères, si inspirantes pour l’époque aujourd’hui.