Lucien Lung
Photographe sélectionné aux Nuits Photographiques de Pierrevert 2025
Lucien Lung (Hong Kong, 1986) est un journaliste franco-chinois travaillant notamment au Moyen-Orient (Palestine/Israël, Irak, Syrie, Liban) et en Asie (Hong Kong, Birmanie). Diplômé en science politique et formé au photojournalisme à l’Emi-CFD, Lucien travaille comme pour différents médias français et étrangers (Le Monde, M, le magazine du Monde, Télérama, Le Figaro, Internazionale, The Guardian, The Washington Post) et a rejoint le collectif RIVA-Press en 2017. Il est lauréat de la grande commande nationale « Radioscopie de la France », financée par le Ministère de la Culture et pilotée par la BNF, pour son sujet « Les Utopies », autour des projets de vivre-ensemble alternatifs au modèle unique de société, comme autant de miroir des inquiétudes de notre époque. Travaillant régulièrement en zone de conflit et de tension, Il a couvert un an de guerre en Israël/Palestine après le 7 octobre pour le quotidien Le Monde.
Série : « C’était Gaza »
C’est une bande de terre minuscule, d’à peine 40 km de long pour 6 à 12 de large, sur lequel vivent 2 millions d’habitants. Un territoire aussi compliqué d’accès que fantasmé, comme tout ce que l’on ne connait pas. Le centre d’où part aujourd’hui une déflagration géopolitique qui traverse le monde. Dans nos esprits, Gaza, prison à ciel ouvert depuis la prise de pouvoir du Hamas et le blocus israélien total qui l’a suivi, rimait le plus souvent avec islamisme radical, omniprésence des services de sécurité et oppression, des aspects qui font partie de la réalité. Mais Gaza c’était aussi une vie quotidienne, des femmes et des hommes tentant de vivre du mieux qu’ils peuvent dans un espace rétréci. Sur la plage, les enfants construisent des pyramides de sable, sous l’œil amusé d’adultes assis sur des chaises en plastique face à la mer et son horizon réduit. Les usines israéliennes d’Ashkelon, où l’on pouvait travailler avant le blocus, apparaissant au loin, comme une lointaine réminiscence de la vie d’avant. Sur un terrain vague du milieu de la bande, quelques volontaires ont construit l’unique chenil de Gaza, recueillant les chiens errants, tandis qu’au marché aux ânes hebdomadaire, un enfant a peint le sien de stries oranges, offrant à l’herbivore un air un peu punk. Ahmad, lui, a monté une usine de récupération des décombres issus des bombardements, vendant ensuite ses parpaings renouvelés. Dans le port, quelques hommes s’aventurent sur les miles nautiques autorisés, ramenant au petit matin le fruit de leurs pêches nocturnes. Prises en octobre 2022, 1 an exactement avant la guerre en cours qui a depuis dévasté une grande partie de Gaza, causé des milliers de morts et des destructions à une échelle rarement vue au 21e siècle, ces images sont le témoignage de ce qu’était aussi cette minuscule bande de terre et les souvenirs d’un monde qui n’existera plus.
Quelques photos de la série : « C’était Gaza »
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