Adèle Godefroy

Photographe sélectionnée aux Nuits Photographiques de Pierrevert 2025

Je suis photographe-autodidacte et chercheuse en écriture&photographie. Filles d’agriculteurs-maraîchers en Normandie, j’ai commencé à prendre des photos du travail à mon adolescence : des photos de vêlages à 14 ans, de la petite exploitation, des marchés, jusqu’à la découverte du noir-et-blanc au cours de mon premier voyage, au Mali, à mes 17 ans. J’aime photographier ceux que j’ai appris à connaître suite à des rencontres où la relation a le temps de se tisser. Mes images racontent le récit des « racines » dont on hérite, l’histoire des petites mains discrètes – les travailleurs de la terre – et des éleveurs, le rapport à l’animal, les traces que laisse le travail sur les corps et les mentalités, les vies solitaires. Le plus souvent, je participe aux tâches du quotidien et prends le temps de connaître intimement mes sujets en travaillant à leur côté. J’ai enrichi mon regard sur ma pratique photographique en accompagnant celle des autres.

A défaut d’entrer en école d’art, j’ai fait des études littéraires puis une thèse suite à sa rencontre de l’écrivain Michel Butor (1926-2016) : après avoir accompagné l’exposition de ses photographies Rolleiflex, je me suis intéressée aux rapports entre écriture et photographie (« Le Prétexte photographique dans l’écriture », 2016-2021). Je me suis liée d’amitié avec des photographes comme Bernard Plossu, Maxime Godard et Serge Assier qui m’ont convaincue de montrer mon travail et les rencontres de François Hebel et de Laura Serani m’ont encouragée à le rendre visible. La littérature et l’écriture sont intrinsèquement liées à mon geste photographique : bien souvent, c’est l’histoire racontée ou lue qui impulse mes projets et me donne envie d’en savoir plus sur le quotidien de leurs auteurs. De l’intime de la photographie documentaire émerge une réflexion politique sur la place et l’agir de chacun dans son quotidien.

https://adelegodefroy.com/fr/accueil

https://www.poetryfoundation.org/poets/james-galvin

Série présentée : « The Meadow (Wyoming, US)« 

J’ai rencontré James Galvin à un dîner d’universitaires à Paris : j’avais alors 27 ans, James 67. Aucun de nous ne souhaitait être là et chacun réfléchissait sans doute à la manière la plus délicate de s’échapper. Notre échange nous a fait oublier tout le reste : le récit de l’autre était comme un miroir que l’on se tendait.

Quelques semaines après, James m’a envoyé par la poste son roman The Meadow (1992) : la manière dont il y dépeint le paysage dans les Rocheuses du Colorado est devenu une référence dans la littérature américaine. Ses personnages usés et pleins de paradoxes mais surtout leur quotidien, intimement façonné par le territoire qu’ils habitent, m’ont tout de suite paru familiers. J’ai rejoint James en avril dernier, six ans après. En 2018, j’avais d’abord rencontré l’écrivain et le poète enseignant au célèbre Iowa Writers’Workshop. Dans le Wyoming, j’ai surtout partagé l’intimité d’un homme dont je ne dénombre plus les vies. Un rancher qui vit à l’écart avec ses mustangs ; bâtisseur de ce ranch isolé que j’ai eu le privilège d’habiter ; ancien alpiniste ; poète solitaire ; père. Sans électricité courante, j’ai travaillé à l’argentique puis au numérique, dernier outil dont les batteries ont supporté les -15 degrés.

Née de mon amitié avec James, cette histoire résulte aussi de mon imprégnation de son œuvre littéraire. L’écriture a joué le rôle de filtre, plus ou moins conscient, pour ma perception du lieu. J’ai revu James à Rome en janvier dernier, et nous avons décidé de poursuivre notre collaboration pour imaginer un livre : nous préparons actuellement des textes dont je pourrais faire une mise en voix pour une projection

Quelques photos de la série : « The Meadow (Wyoming, US) »

Cliquez pour zommer