Brice Bourdet

Photographe sélectionné aux Nuits Photographiques de Pierrevert 2024

Vivant entre la France et l’Allemagne, Brice Bourdet s’arrête sur les failles, les brèches et les questionnements de la société contemporaine occidentale. Comme des lieux de vie ritualisés où l’homme a cessé d’évoluer, les jeux d’apparences trompeuses où les gens finissent par se perdre eux-mêmes, la dé-construction d’une illusion sociale où les individus s’isolent les uns des autres au travers de leurs biens (de consommation) si réconfortants ou encore la recherche de soi-même.

Au travers de composition et de mises en scène intrigantes, les séries photographiques de l´artiste donnent à voir une société qui perd peu à peu ses repères. Un monde que nous croyons connaître, mais que nous ne reconnaissons pas toujours.

Site Internet : bricebourdet.com

Instragram : @bricebourdet

Facebook : www.facebook.com/Brice.Bourdet

Série présentée : « Je suis une légende »

Tu te souviens ? Tu avais mis un « like » sur la photo

Comment parler de paysage en 2024 sans parler de son omniprésence dans les réseaux sociaux. De cette course à l’image et au « «like » . Rien que sur Instagram, on estime à 100 millions le nombre de vidéos et de photos postées par jour. Et ce que l’on oublie bien souvent c’est que toutes ces images à la durée de contemplation des plus éphémères restent archivées dans des data center. Si au bout de quelques jours, les images postées glissent lentement vers le bas de notre « feed », elles sont bel et bien toujours là et s’accumulent sur des disques durs, quelque part sur la planète.

Qu’en est-il alors de ces photos de vacances de 2021, de 2022, de 2023 que plus personne ne like, que plus personne ne commente? Toutes ces photos que vous avez un jour postées avec enthousiasme et que vous avez peut-être oublié au final. Ces photos vous provoqueraient-elles encore des émotions si vous les regardiez à nouveau? Et quand les avez-vous regardées pour la dernière fois ?

Je suis donc parti à la recherche de ces photos que vous avez oubliées. De toutes ces fois où vous avez publié une photo de hublot de l’avion pendant le vol alors que l’on vous avez bien demandé de ne pas activer Internet dans l’avion. De ces lieux de vacances inoubliables où vous avez fait la queue avec les autres touristes, pour avoir la photo qui fait bien, sans vous soucier un instant de l’impacte de vos actes sur l’environnement des lieux que vous visitez.

Aujourd’hui, ce sont juste des photos de voyage avec votre ex que vous ne voulez plus voir…
Mais ses photos sont-elles si uniques ? Avec 100 millions d’images postées par jour, peut-on vraiment encore produire du neuf ? Au moment même où vous regardez ces images, d’autres personnes sont déjà sur les lieux et font de nouvelles. Ou nos photos ressemblent-elles, à peu de chose près, à celles des autres ? J’ai donc passé plusieurs mois à collectionner ces photos oubliées des réseaux sociaux, ces photos qui selon les lieux se ressemblent tellement, malgré le fait que leurs protagonistes ne se connaissent pas.

J’ai alors commencé à les superposer pour voir en transparence à quel point elles étaient similaires. Une, deux, trois, puis dix, vingt, trente et c’est au final des cinquantaines d’images qui se superposent les unes sur les autres pour donner naissance aux œuvres de ma série « Je suis une légende ». Finalement ces photos que l’on avait postées pour que les gens jalousent un peu notre vie, n’ont peut être rien de plus ou de moins que celles des autres comptes Instagram ou Facebook.
Au-delà de l’anecdote, la série « Je suis une légende » cherche à nous interroger sur notre consommation boulimique d’images et de voyages, leur légitimité et notre rapport au monde, rapport au moment présent et à l’oubli.

Quelques images de la série « Je suis une légende »

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