Maria Catuogno

Photographe invitée aux Nuits Photographiques de Pierrevert 2024

Photographe basée dans le sud de la France, Je me forme aux Beaux-Arts d’Aix en Provence, après avoir vécu 9 ans en Amérique latine. Plasticienne, j’ai développé jusqu’à 2020 une pratique de la sculpture.

Dans la continuité de ce travail, mais photographique cette fois, je crée « Les Sauvagines » une fiction qui met en scène 3 générations de femmes en osmose avec la nature à la recherche d’un éden perdu : un conte provençal, contemporain et écologique.

Parallèlement, je développe une approche documentaire qui met à l’honneur de jeunes femmes lutteuses de la Casamance, berceau ancestral de la lutte féminine. Elles ont besoin d’un soutien pour propager leur émancipation. Le troisième sujet porte sur les communautés autochtones de l’ethnie Kolla « Qoya » du nord de l’Argentine, expropriées de leur territoire à cause du tourisme et de l’extraction du lithium.

Site Internet : mcatuognophoto.com

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Série présentée : « QOYA« 

QOYA, Peuple autochtone de l’Argentine du nord

En 2023, je pars en pays Kolla ou Qoya, de la Province de Jujuy, photographier et interviewer cette ethnie. Je me heurte au mutisme des communautés autochtones, directement concernées par l’extraction du lithium, effrayées par les représailles du gouverneur. Ces peuples originels de la Puna argentine, sont inquiets car l’extraction du lithium, nouvel or blanc, présente un risque pour la qualité de l’eau et la disponibilité des ressources. Les intérêts internationaux sont puissants, la transition écologique coûte cher aux indigènes. En considérant le réchauffement climatique, les zones humides disparaissent peu à peu à cause des exploitations minières.

Au nom des énergies renouvelables, l’État fédéral confisque les terres de ces nations. Alors que leur mode de vie ainsi que leur participation inclusive à la gestion durable des territoires et ressources naturelles, protègent l’écosystème de la planète.

Les projets immobiliers liés au tourisme, portent gravement atteintes aux populations de l’altiplano, défigurant les villages. Les forces de l’ordre bousculent leurs habitants. Caspalà est le plus vieux village du département de Valle Grande. Déclarée en 2002 par le Programme de l’UNESCO sur l’homme et la biosphère, pour préserver une partie des forêts de montagne, la localité a été classée en 2021, comme un des trois plus beaux villages par l’organisation mondiale du tourisme. Prétextant le réaménagement immobilier du village, des bulldozers ont rasé le champ d’un éleveur de vaches, en l’expropriant sans le consulter, en violation de la convention 169.

Je rencontre un anthropologue, des militants chercheurs de la pensée indigène et le leader porte-parole de toutes les ethnies. Ils sont disposés à rendre publique la façon insidieuse de l’État à changer les esprits surtout de la jeunesse, et dénoncer les violences qu’ils subissent. En Argentine, on ne parle jamais du génocide du peuple indigène: torturé, disparu, déchu, interdit de sa culture et de sa langue. D’une vie autonome, expropriés ils vont passer à une vie dépendante de l’État. Leur culture séculaire avec ses valeurs, va être remplacée par un mode de vie capitaliste.

Leurs rituels en harmonie avec la nature, montrent pourtant qu’ils veulent retrouver la façon de vivre des anciens dans le respect de leur environnement et le partager avec le reste du monde car ils pensent que nous sommes tous connectés. Ces communautés m’ont fait confiance pour diffuser ce travail photographique en promouvant les droits fondamentaux et les modes de vie des peuples amérindiens qui préservent le biotope et protègent l’environnement.

Quelques photos de la série : « QOYA« 

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