Gérald Lucas
Photographe invité aux Nuits Photographiques de Pierrevert 2025
« La photographie est le propre de l’instant. Mais l’instant s’inscrit toujours dans une réalité plus large. Ainsi, le hasard, la probabilité qu’une chose arrive, la seconde qui donne sens à une scène, sont autant d’éléments caractéristiques d’un lieu donné, d’une société particulière. Le hasard d’ici n’a que peu de chance de ressembler au hasard d’ailleurs. C’est pourquoi la photographie est aussi un apprentissage incessant, une adaptation, un pragmatisme de tous les instants au service d’un oeil qui cherche à dire. Une écriture donc, et une écriture qui doit souvent tout dire en 1/125e de seconde ».
G.L Gérald Lucas est né le 4 novembre 1960 à Gap. Après une première partie de vie de sportif de haut-niveau, d’aventurier et de modèle, il passe derrière l’objectif et devient photographe en 1989. L’année suivante, il intègre l’agence Foc à Grenoble et entame une collaboration avec l’ensemble de la presse de montagne en suivant notamment les exploits de l’alpiniste Jean-Chritophe Lafaille, avec lequel il fera deux expéditions en Himalaya (Annapurna en 1995 et Dhaulagiri en 1997). Photographe, mais aussi rédacteur, il signe nombre de reportages pour la presse spécialisée ainsi que pour la presse nationale. Il est l’auteur d’une douzaine de livres photographiques.
En 2007, il publie son premier roman « Du bleu dans le vert ». Suivront six autres ouvrages (trois romans, dont Dans le ventre de la déesse, grand prix des Ecrins René Desmaison, un recueil de textes, un témoignage et un récit sur la montagne). Au début des années 2010, il devient correspondant du quotidien Le Dauphiné Libéré avant de rejoindre l’équipe de journalistes en octobre 2017 comme photographe et rédacteur.
En 2021, Gérald LUCAS quitte ses fonctions au sein du journal pour se consacrer à nouveau exclusivement à l’image et à l’écriture.
Série présentée : Guinée
En février 2024, j’accompagnais l’association caritative Pal’Abre 05 en Guinée Conakry.
Depuis 13 ans, cette petite structure gapençaise se rend chaque année dans un village de la brousse, à 1000 m d’altitude, dans la région de Giafari. Ce village, c’est Tombo. Durant toutes ces années, des bénévoles se sont relayés pour apporter à ses 200 habitants, une école, un poste de santé, des latrines, des panneaux solaires et surtout, trois fontaines qui dispensent aujourd’hui l’eau potable au village.
À la demande de la présidente de l’association, je les ai accompagnés en Guinée pour filmer et photographier. Si le film se veut une rétrospective des treize années passées à Tombo, mes images, elles, rendent compte d’une émotion et d’un sentiment tout autre : le sentiment d’être sur une autre planète, tout en sachant pourtant que nous faisons partie du même monde, reliés que nous sommes par notre simple humanité. Une même humanité.
C’est ainsi que je me suis attaché à montrer ce qui nous sépare comme ce qui nous réunit, au plus près des corps, des visages, des gestes, photographiant la plupart du temps au grand angle avec ce parti pris de faire partie de la scène que ce soit au coeur du village de Tombo, régi par la lenteur et la douceur, qu’au milieu du marché grouillant de Kindia (la deuxième ville du pays), ou encore, sur le port de Conakry, capitale tentaculaire qui ne cesse de s’étendre et qui hurle de tous les klaxons du monde et des moteurs agonisants.
Les femmes altières, les hommes tous muscles bandés, la pauvreté, les sourires, l’armée… et une question : que ce sera la Guinée dans quelques années ?