Jeanne Fourneau
Photographe sélectionnée aux Nuits Photographiques de Pierrevert 2024
Ses photos ont déjà été publiées dans Le Monde, Libération, Reporterre, Pays, Sphères Magazine, Courrier international, Politis…
Instragram : @jeannefourneau
Série présentée : Ni mari ni moteur
Les vélorutions existent depuis plusieurs décennies, mais celle-ci se revendique d’un nouveau genre. Il
s’agit d’une ride cycloféministe. Les cyclistes revendiquent toujours l’utilisation du deux roues non motorisé dans des espaces où l’aménagement urbain est surtout propice à la voiture. À cette lutte décroissante, s’ajoutent aussi celles des queer
intersectionnel·les. Au-dehors et dans l’intime, le cycloféminisme utilise le vélo comme outil d’émancipation.
Ce mouvement réclame un rééquilibrage dans la pratique du vélo, qui reste peu accueillant pour les femmes et les personnes queer. Découragements, intimidations, « mansplaining » de la mécanique ou tout simplement interdiction d’utiliser un vélo — qui implique d’adopter une position jugée sexy — sont autant de situations sexistes auxquelles ont dû se confronter nombre de personnes assignées femmes.
Des féministes radicales, des trans et lesbiennes écolos ont ainsi convergé pour créer des collectifs de cyclistes qui utilisent le deux roues dans leur lutte quotidienne pour l’égalité des genres et pour revendiquer leur identité, ensemble. Ni mari, ni moteur.
En France, en Belgique ou en Allemagne, les « cycloféms » organisent événements, rencontres et permanences mécanique en mixité choisie sans hommes cisgenres hétéros. La nuit, iels chantent dans un foyer contre l’état policier ou dans la rue en cortèges, pédalant contre les violences systémiques.
Au-delà d’un loisir écolo, le vélo devenu mode de vie permet à ces personnes de trouver confiance en leurs capacités physiques, d’empouvoirer leur corps et de le revendiquer hors-norme ; de voyager, d’économiser de l’argent, autonomisé·e·s des
transports payants. Il est aussi vecteur de rencontres pour des cyclistes à la recherche d’une communauté queer dans laquelle s’épanouir et exister librement. Entre l’effervescence du groupe et le partage des violences subies en tant que minorités, la
communauté représente un espace de puissance collective aux revendications diverses. Ce travail immersif débuté en 2023 raconte ces personnes en pleine émancipation par le vélo.
Quelques photos de la série : « Ni mari ni moteur »
Cliquez pour zommer